Après la rencontre avec le speaker de la chambre basse du parlement, le caucus des députés nationaux de la province de la Tshopo s’est montré préoccupé par la situation sécuritaire délétère dans la ville de Kisangani.

Dans un mémorandum adressé au Président de la République et au Président de l’Assemblée Nationale, les 16 élus de la province de la Tshopo au-delà de quelques avis, adressent quelques recommandations au Gouvernement de la République pour mettre fin à la crise et aux tueries qui opposent depuis une année, les Lengola aux Mbole, deux tribus de la province de la Tshopo.

Des recommandations des députés nationaux

Le conflit Lengola-Mbole a émergé dans un contexte préélectoral et s’est poursuivi après les élections. Cependant, les députés nationaux de la province de la Tshopo émettent la crainte de voir ce conflit inter-ethnique atteindre le plus grand niveau de menace à l’intégrité et à l’unité nationale.

Pourtant, le repli identitaire émergeant de ce conflit peut déboucher à la création des groupes armés.
A cet effet, le caucus des députés nationaux de la Tshopo émet le vœu et l’urgence d’examiner toutes les voies susceptibles de ramener la paix à Kisangani, en particulier, et dans la Tshopo, en général.

Ainsi, ces députés formulent les recommandations ci-après :
– La suspension, le cas échéant, l’annulation de tous les 20 contrats d’occupation provisoire de CAP CONGO SARL afin de revenir à la procédure prévue à l’article 183 de la loi dite foncière ;
– L’imposition de la paix par les forces de défense et de sécurité ;
– Le désarmement de tout détenteur illégal d’armes létales ;
– La tenue d’un forum pour la paix et le vivre-ensemble dans la Tshopo ;
– La clarification des limites administratives et des ayants droit sur tous les axes en recourant aux services compétents ;
– La réhabilitation des routes provinciales et des pistes rurales pour permettre la circulation des personnes et de leurs biens ;
– La prise en charge humanitaire de toutes les populations victimes (environ 100.000 déplacés internes, blessés, enfants non scolarisés, etc.)

Des causes du conflit Lengol-Mbole

Dans leur mémorandum, le caucus des députés nationaux de la province de la Tshopo s’est penché sur des missions d’enquête et de sensibilisation de l’Assemblée Provinciale et le Gouvernement provincial afin de s’enquérir de la situation au cœur de ce conflit, missions effectuées au cours des mois d’avril, mai et juin 2023.

De ses missions, quelques causes ont été décelées entre autres : la juxtaposition de deux Administrations, l’une moderne (Commune de Lubunga) et l’autre traditionnelle (Secteur de Lubuya-Bera), qui profiterait plus aux Lengola et Kumu qu’aux Mbole ; la contestation des limites des entités administratives et de la notion de « premiers occupants » ; en effet, alors que les Lengola et les Kumu revendiquent le droit coutumier sur les terres de Lubuya-Bera, les Mbole, eux, réclament la suppression du Secteur de Lubuya-Bera sur l’axe routier Lubunga-Opala au profit de l’extension du quartier Osio ; ils revendiquent, en outre, des droits coutumiers sur l’axe Lubunga-Ubundu ; l’inaction de l’Etat, qui n’arrive ni à clarifier la situation administrative des espaces querellés ni à imposer son monopole de la violence légitime ; les interférences non élucidées de certains « tireurs de ficelles » ; le trafic d’influence de la Société CAP-Congo, qui tétaniserait les acteurs étatiques.

Depuis le mois de février 2023, les peuples Lengola et Mbole, qui vivent côte-à-côte depuis des siècles, s’affrontent dans la Commune de Lubunga, l’une des municipalités de la ville de Kisangani, située à la rive gauche du fleuve Congo dans la province de la Tshopo.
Lesdits affrontements se sont étendus sur les axes routiers Lubunga-Ubundu, Lubunga-Opala et Lubunga-Isangi.
Ils se déroulent aussi bien dans les environs des résidences que dans les champs ou dans la forêt.

Cette crise a provoqué le déplacement massif de la population qui s’est réfugié dans trois camps dont un à l’Eglise catholique Sainte Marthe de Lubunga, un autre dans la Commune de Kisangani (site Konga-Konga) et, le dernier, à la paroisse Saint Gabriel de Simi-Simi dans la Commune Makiso.

 

Jean-Claude Fundi

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