Ils sont nombreux qui survivent dans les rues de Kisangani, subissant toutes sortes de discriminations et d’humiliations. Et pour la plupart en rupture totale avec leur famille. Certains ont dû laisser leur foyer dès leur plus jeune âge, en raison, entre autres, de la pauvreté, de la maltraitance, de la mort des parents, ou encore parce qu’accuser de sorcier.

Le récit de Lydie Makuru

Ces enfants sont souvent délaissés par des parents qui ne peuvent assumer leurs responsabilités les plus immédiates. Notamment, la scolarisation, l’alimentation, l’habillement, les soins médicaux.
Dans leur souffrance, ils se créent leur propre identité qui s’accommode avec la violence.

Au marché central de Kisangani, des adolescents appelés « Shegué » sillonnent. Certains fument leur cigarette, d’autres avec les yeux rougies par la drogue, d’autres encore manifestent l’agressivité envers les passants. Patrick M. 15 ans, vient de Lubunga, une commune située à la rive gauche du fleuve Congo. « Je suis orphelin de mère, Il y a 5 ans que je vis dans la rue, une vie pas facile que je n’ai pas souhaitée. Avant Je vivais avec ma marâtre qui m’a fait trop souffrir » explique-t-il. Et d’ajouter, « Pour avoir à manger je suis parfois obligé d’agresser les passants ». A-t-il avoué.

A part mendier pour satisfaire leurs besoins, on les retrouve souvent à laver les véhicules, voire à voler. Samuel, à peine 10 ans, « Je préfère laver les voitures des particuliers qui viennent boire la bière sur l’avenue Musibasiba, pour me permette d’avoir 1000 ou 2000 Fc, en lieu et place de voler » relate son calvaire. A la fin de la journée, ils cherchent un coin du trottoir ou sur les étalages du marché pour passer la nuit, exposés à tous dangers.

Les enfants de rue, un danger réel

L’alcool, la drogue et autres vices ne sont plus des accidents, mais des choix délibérés. La situation de ces enfants fait d’eux un danger bien réel. Ils agressent souvent la population, ravissent leur bien. D’autres circulent avec des armes blanches sur leur corps. « _Je fume pour oublier ce que je vis_ » lâche l’un d’eux d’environ 17 ans.
Les enfants de rues finissent par accepter leur réalité à force de se sentir abandonnés par la société. Ils souffrent physiquement, mais aussi dans leur âme. Ils sont obligés de recourir aux stupéfiants pour leur réconfort.

Ils ont des droits comme les autres

Face à cette dure réalité, le parlement des enfants et jeunes de la province de la Tshopo hausse le ton. En marge de la journée internationale des enfants de la rue célébrée le 12 avril, Fabrice Debo, coordonnateur de cette structure qui milite pour le respect des droits des enfants a plaidé pour la protection de leurs pairs vivants dans la rue contre toutes formes de violences.

La commémoration de cette journée vise entre autres, à accroitre la sensibilisation quant aux problèmes du travail des enfants dans le monde et à permettre aux enfants de la rue d’accéder aux mêmes services essentiels que tous les enfants, notamment, l’hôpital, l’école. A indiqué Fabrice Debo dans son message à l’occasion de ladite journée.

La division provinciale des affaires sociales ne dispose pas des centres d’encadrement, moins encore des éducateurs pour encadrer ces enfants vivants dans la rue, faute des moyens financiers. A expliqué à habariyaamani.net Monsieur Feruzi Thoma Chef de division de l’institut National pour aveugles, structure rattachée à la division des affaires sociales de la Tshopo.

Les vrais problèmes sociaux ne retiennent pas vraiment l’attention du gouvernement congolais, pourtant c’est lui qui détient la politique nationale du pays. Ajoute-t-il.

Toutefois la division des affaires sociales reste préoccupée par la présence accrue des enfants dans la rue. Ce qui constitue une bombe à retardement pour la société. A –t-il conclu.

Lydie Makuru/habariyaamani 

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